Journal d'un insensé
Cette intimité qui nous confine remue mes douleurs comme remuerait la tempête les abysses des océans...
Cher journal, sois franc... Ce moi qui noircit une autre de tes douces feuilles... homme suis-je, ou daemon?
L'oubli recouvrit le souvenir de la première lune qui me vit me repaître de l'âme d'un homme... ivre de mes déraisons... et le découvrit la gloire du disque lunaire, cette nuit, au firmament, luisant...
Je crus leur être pareil... égal... Je crus partager leur sang...Je crus avoir appris à les aimer... profondément...
Mais mes solitaires découvertes m'ont appris que toute mon existence en dépendait à ne plus en conclure raison...
Ne suis-je pas leur enfant, leur parent ou même leur semblant? Je l'aurais espéré, mais, par la couleur de mon sang, rejetés ils sont...
Suis-je maudit par Dieu qui t'a quitté n'y a-t-il pas si longtemps ?... Il doit exister comme de ton salut, il fut répondant...
Je tombe... assis sur cette chaise pourtant...
Je tombe... dans les parages du cœur du néant...
Je tombe... et m'accueille le vide qui me vit naître... si loin dans l'inconnu de l'espace... si loin dans les incertitudes du temps...
Et il me ressemble... ce temps que nul n'eut reconnu... ce temps duquel nul ne répond...
Mon temps, mes tempêtes et mes ouragans... sont-ils les redondances de l'âme que j'ai subtilisée à ce mourant ? M'empêche-t-elle de voir ma vérité, en cette nuit, et ma raison?...
Je n'en ignore que trop les étendues, les effets et les façons... Je m'en mordille les doigts à en broyer les ossements...
Extase et regret est-ce ou amertume, que je ressens?
Je l'ignore aussi... Sauves-moi, fais-moi grâce d'une réponse... fatigué, suis-je, de toutes ces perditions...